samedi 15 septembre 2012

Faut-il avoir peur du gaz de schiste?

Le Monde, 14 septembre 2012, Marie-Béatrice Baudet, Jean-Michel Bezat, Stéphane Foucart et Hervé Kempf

Un site d'exploitation de schiste dans le Dakota, aux Etats-Unis.

Conséquences sur l'environnement, coût de l'énergie, évaluation des réserves : bien des questions se posent sur cette nouvelle ressource, devenue un enjeu politique. Un dossier sensible pour la conférence environnementale des 14 et 15 septembre

L'impact sur le climat reste controversé 
L'un des arguments forts en faveur du gaz de schiste est son impact climatique, réputé plus faible que celui du charbon. A même quantité d'énergie produite, le gaz en général émet presque deux fois moins de dioxyde de carbone (CO2), principale cause du réchauffement climatique. Mais, en avril 2011, Robert Howarth a levé un lièvre de taille. Selon l'étude publiée par ce biogéochimiste américain, professeur à l'université Cornell (Etat de New York), 3,6% à 7,9% du gaz de schiste produit aux Etats-Unis s'échapperait dans l'atmosphère. Or ce gaz – principalement composé de méthane (CH4) – a un potentiel d'effet de serre beaucoup plus fort que le CO2.
Il ne reste cependant qu'un peu plus d'une décennie dans l'atmosphère, contre plus d'un siècle pour le CO2, et produit donc ses effets réchauffants sur une période plus courte... En définitive, selon Robert Howarth, le gaz de schiste serait pire que le charbon pour le climat, surtout si l'on considère l'effet climatique sur vingt ans et non sur un siècle, comme c'est habituellement l'usage.
Ces travaux ont été attaqués, notamment par le géologue Lawrence Cathles, lui aussi professeur à Cornell et ancien chercheur chez Chevron, l'une des principales compagnies pétrolières des Etats-Unis. Dans un commentaire critique publié par la revue Climatic Change, Lawrence Cathles estime que les calculs de son collègue sont erronés et qu'ils s'appuient sur des hypothèses par trop pessimistes.
Depuis, la pertinence des questions soulevées par Robert Howarth a été confirmée par des mesures de terrain menées par des chercheurs de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et l'université du Colorado à Boulder. Conduits par Gabrielle Pétron et publiés en février dans le Journal ofGeophysical Research, ces travaux ont consisté à prélever des échantillons d'air dans la région de Denver-Julesburg, au nord-est du Colorado, où des "gaz de réservoirs compacts" (tight gas) sont exploités avec les mêmes techniques de fracturation que le gaz de schiste.
L'analyse de Gabrielle Pétron et de ses collègues aggrave encore celle de Robert Howarth : elle suggère qu'entre 2 % et 8 % du gaz de schiste extrait est relâché dans l'atmosphère - avec 4 % comme valeur la plus probable. Et encore, ces mesures ne prennent en compte que les fuites qui se produisent sur les sites d'exploitation, et non, comme l'a fait Robert Howarth, celles qui surviennent tout au long du cycle de vie du gaz, au cours de son acheminement et de son traitement.
Selon Total, l'étude de Gabrielle Pétron est le reflet d'un cas particulier, lié à des installations anciennes. "Nous avons mené une autre campagne de mesures dans l'Utah, dont nous espérons publier les résultats avant la fin de l'année, dit Gabrielle Pétron. Nous allons aussi mener une campagne de mesures par avion." D'autres études sont également en cours en Pennsylvanie et au Texas.
Le débat scientifique est donc loin d'être clos. Cependant, le rapport sur le sujet commandé par la Commission européenne au consultant britannique AEA, publié début septembre, estime que, sur une échelle de temps d'un siècle, l'impact climatique du gaz de schiste reste très inférieur à celui du charbon. Pour Robert Howarth, prendre en compte l'impact sur vingt ans est plus pertinent, car les travaux les plus récents "montrent que sans une réduction immédiate des émissions globales de méthane, le climat se réchauffera vers un point de bascule dangereux dans les dix-huit à trente-cinq années qui viennent", explique le chercheur.

Une exploitation qui présente des risques 
La réalité de plusieurs contaminations d'eaux souterraines dues à l'exploitation du gaz de schiste ne fait pas de doute. Dans un rapport d'étape publié en novembre 2011, l'agence fédérale américaine de protection de l'environnement (EPA) a compilé des cas de pollutions attribués aux activités gazières.
La liste n'est pas exhaustive, mais recense plus d'une quarantaine de situations dans lesquelles les populations se plaignent de pollutions diverses, qu'elles attribuent à l'exploitation de gaz non conventionnels : contamination de l'eau potable aux hydrocarbures, chute de la quantité d'eau disponible dans les points de prélèvement, augmentation de la salinité de l'eau, épandage de boues de forage, fuites du liquide de fracturation... L'accumulation de méthane dans une habitation et l'explosion de celle-ci a même été rapportée à Bainbridge (Ohio).
L'EPA a sélectionné plusieurs de ces sites pour y mener des investigations et doit publier une analyse complète dans les prochains mois. Dans le rapport commandé par la Commission européenne, le cabinet d'études AEA estime que les risques de contamination des eaux souterraines, mais aussi des eaux de surface, sont "élevés". Cependant, ce n'est pas la fracturation hydraulique en elle-même qui est en cause, mais généralement des défauts de cimentation des puits.
Dans une autre étude, publiée en mai 2011 dans la revue Proceedings of theNational Academy of Sciences, des chercheurs de l'université Duke (Caroline du Nord) ont montré qu'en Pennsylvanie et dans l'Etat de New York, le méthane en excès dans des points de prélèvement d'eau provenait bel et bien de l'exploitation du gaz de schiste, mais qu'il n'était pas remonté dans la nappe phréatique par les réseaux de fissures ouvertes par la fracturation. C'est donc lors de sa remontée dans le tubage qu'il a fuit dans les aquifères affleurant sous la surface.
"A ma connaissance, la fracturation hydraulique en elle-même n'a été incriminée que dans un unique cas, à Pavillion, dans le Wyoming, explique un responsable de Total. Mais il s'agit d'un cas d'école de ce qu'il ne faut pas faire puisque l'opérateur a fracturé la roche bien trop près de la surface, à environ 600 mètres."
Selon le rapport d'AEA, la phase d'exploitation la plus risquée n'est pas la fracturation de la roche, mais la mise en production du puits. A ce moment, une part du fluide de fracturation qui a été injecté est régurgitée et revient à la surface. Ce fluide de retour peut être récupéré mais, en cas de fuite, le risque est celui d'une contamination des sols et des eaux de surface par les additifs chimiques du fluide. Mais aussi par des métaux lourds et des éléments radioactifs qui reviennent des profondeurs de la terre, dissous dans le mélange.
Pour Total, ces accidents intervenus outre-Atlantique sont surtout le fait de l'irruption de nombreux petits opérateurs, financièrement fragiles et peu regardants sur la sécurité de leurs installations. En outre, le fluide de retour peut être traité et recyclé, pour être réutilisé ou remis dans le circuit des eaux de surface.
Il n'en reste pas moins que les risques de pollution de l'air - en particulier par des composés organiques volatils et des hydrocarbures - sont également jugés"élevés" par le cabinet AEA. En avril, une équipe conduite par Lisa McKenzie(Colorado School of Public Health, université du Colorado à Aurora) a échantillonné l'air ambiant de Garfield (Colorado) et y a découvert des concentrations accrues d'hydrocarbures. Ces travaux, publiés en avril dansScience of the Total Environment estiment qu'il existe un risque accru de cancerdu sang pour les personnes passant le plus clair de leur temps à moins de 800 mètres des puits.
Cette question des "émissions fugitives" pourrait être résolue grâce à l'utilisation de nouveaux matériels, d'ores et déjà disponibles, assure-t-on chez Total, où l'on insiste sur les carences réglementaires américaines.

Le forage modifie les territoires 
L'exploitation du gaz de schiste transforme de manière notable les territoires. Pas tant du point de vue du paysage - les hautes tours de forage ne restent en place que quelques semaines, le temps de creuserle puits - que de celui du terrain. L'installation des équipements, citernes et stockages, nécessaires à l'exploitation, suppose d'emblée de couvrir le sol d'une dalle de ciment ou de goudron sur laquelle les engins peuvent manoeuvrer et le puits être creusé. A la plate-forme s'ajoutent la route d'accès et le gazoduc pour évacuer l'hydrocarbure.
Selon l'étude d'AEA, remise en septembre à la Commission européenne, aux Etats-Unis, les plates-formes d'exploitation occupent ainsi en moyenne une surface de 3,6 hectares. L'association américaine Nature Conservancy confirme le chiffre dans une étude effectuée en Pennsylvanie. Celle-ci souligne aussi que"le déboisement fragmente la forêt, créant de nouvelles lisières, ce qui change les conditions d'habitat des espèces sensibles qui dépendent des conditions de la "forêt profonde"".
L'impact global est d'autant plus important que, contrairement à ceux du gaz naturel conventionnel, les gisements de gaz de schiste sont de toute petite taille. Pour exploiter un sous-sol, il faut donc forer à de très nombreux endroits. Selon AEA Technology, "il faut environ cinquante puits de gaz de schiste pour produirela même quantité de gaz qu'un puits en mer du Nord".
Aux Etats-Unis, ce sont donc des milliers de puits qui sont creusés, provoquant un mitage du territoire dans les régions concernées. Selon la revueEnvironmental Health Perspectives de juillet, plus de 20 000 puits devraient être creusés chaque année dans ce pays d'ici à 2035, ainsi que 10 000 puits pour le pétrole de schiste.
Les compagnies pétrolières observent cependant que la tendance consiste àconcentrer le plus grand nombre possible de puits par plate-forme, jusqu'à dix, afin de réduire l'impact sur le territoire.
Qu'advient-il du terrain après exploitation ? Il ne s'agit pas seulement d'évacuer les équipements de surface et la tête de puits, mais aussi de décaper le sol de son revêtement pour remettre de la terre naturelle et permettre le retour de laculture ou de la végétation originelle. L'expérience américaine est encore trop récente pour savoir si cette restauration est systématiquement pratiquée.

Des réserves à confirmer 
Le sous-sol contient sans doute beaucoup de gaz de schiste, mais on ne sait pas quelle quantité serait exploitable dans des conditions rentables. Géologues et entreprises restent très prudents sur le potentiel réel du gaz de schiste. En avril 2011, pourtant, l'administration américaine de l'énergie, l'EIA, a publié une évaluation des ressources mondiales selon laquelle les trente-deux grandes régions analysées - excluant l'essentiel de l'Afrique, de la Russie et de l'Asie centrale - recèleraient environ 185 000 milliards de mètres cubes de gaz de schiste, soit quasiment autant que les réserves estimées de gaz conventionnel.
La nouvelle, spectaculaire, a fait naître de grands espoirs dans de nombreux pays. Mais il est vite apparu que les estimations de l'EIA étaient très optimistes. Le rapport se fondait sur des présomptions en fonction des couches géologiques et non sur des analyses de terrain. En fait, explique un géologue de l'Institut français du pétrole Energies nouvelles, pour parvenir à des estimations plus précises, il faut réaliser des puits d'exploration, car les terrains présentent tous des conditions particulières. Ainsi, en Pologne, deux puits ont été creusés, produisant des résultats décevants. L'Institut national de géologie polonais a publié en avril une étude situant le potentiel du pays à un niveau près de dix fois inférieur à celui avancé par l'EIA.
On dispose cependant d'un "modèle" réel riche d'enseignements : les Etats-Unis, où le gaz de schiste, exploité avec intensité, est un grand succès depuis près de dix ans. Les géologues devraient pouvoir en tirer des conclusions applicables sur d'autres terrains. Mais le recul manque encore pour évaluer la durée et le potentiel total des gisements.

En France, l'énergie coûterait – un peu – moins cher 
La France peut-elle espérer que l'exploitation de gaz de schiste - si son sous-sol en contient - entraînera une baisse des prix de l'énergie ? Avancé par les défenseurs du gaz de schiste, l'argument s'appuie largement sur l'exemple des Etats-Unis, dont la situation est pourtant difficilement transposable. Les prix du gaz conventionnel s'y sont effondrés en raison d'un afflux massif de gaz de schiste sur le marché. Cela a entraîné, par ricochet, une baisse des prix du charbon, devenu, comme lenucléaire, moins compétitif.
Aux Etats-Unis, cet effondrement des cours du gaz a été une aubaine pour les industries électro-intensives (pétrochimie, sidérurgie, papeteries...). "On a une bonne visibilité sur les prix et les volumes de gaz non conventionnel à un horizon de quinze ans", assure Stanley Nahon, directeur du secteur énergie du consultant Booz & Company. Les réserves sont en effet identifiées et le ministère américain de l'énergie (DoE) estime que les prix augmenteront progressivement, passant de 2,70 dollars par million de BTU (British thermal unit, soit 28 m3) actuellement, à 5 dollars en 2020 et 7 dollars en 2035.
En France, aucun expert n'ose clamer : les gaz de schiste, c'est l'Amérique ! "La situation américaine n'est pas reproductible en Europe, prévient le président de l'Institut français du pétrole Energies nouvelles. Aux Etats-Unis, l'industrieparapétrolière est très dynamique. On compte 1 000 installations de forage là-bas, une cinquantaine seulement ici." Olivier Appert met aussi en avant une réglementation du secteur des mines plus favorable et une moindre densité démographique. Autant de facteurs qui permettent de baisser les coûts de production et de contourner les rejets de l'opinion.
"Les coûts de production seront plus élevés ici qu'aux Etats-Unis", reconnaît Stanley Nahon. Et le prix final aussi. En outre, le "mix énergétique" est différent. Aux Etats-Unis, de nombreux exploitants de centrales électriques ont remplacé le charbon (50 % de l'électricité américaine) par le gaz, dégageant un double gain, financier et environnemental.
La France, qui a très peu de centrales au charbon et un parc nucléaire fournissant une électricité encore compétitive, ne retirerait pas de tels bénéfices. Les analystes ne voient pas non plus d'impact positif du gaz de schiste sur les prix du pétrole et des carburants. Leur développement rapide aux Etats-Unis n'a pas empêché le gallon d'essence de grimper à 3,85 dollars (2,99 euros) en septembre.
Reste le gaz naturel. C'est un combustible "trop cher en Europe", estime Thierry Bros, analyste à la Société générale. Ce qui explique en partie la baisse de 11 % de la consommation en 2011. "Le développement des gaz non conventionnels peut entraîner une moindre pression sur les prix en Europe", juge Olivier Appert. Les grands fournisseurs de la France (Norvège, Russie, Algérie) seraient en effet obligés de renégocier - à la baisse - les prix inscrits dans les contrats à long terme signés par GDF Suez.
Plus largement, le gaz de schiste pourrait profiter à l'économie nationale. Outre-Atlantique, les plus optimistes estiment qu'il a procuré 0,5 à 1 point de croissance supplémentaire grâce à l'emploi et à la relocalisation d'industries. Son développement en France réduirait aussi un peu la facture énergétique, qui a augmenté de 32 % en 2011 (61 milliards d'euros).

Un gisement d'emplois difficile à évaluer 
Quand il s'agit de mesurer l'impact de l'exploitation des huiles et gaz de schiste sur l'emploi, les chiffres valsent et se contredisent. Aux Etats-Unis, pays leader dans le secteur des hydrocarbures non conventionnels, une étude publiée en novembre 2011 par le cabinet Deloitte annonce près de 550 000 emplois créés en 2010. "C'est le chiffre qui circule, en effet, confirme-t-on chez un pétrolier. Certaines prévisions évoquent même 1,3 million de jobs d'ici à 2035. Mais rien n'est moins sûr..."
Des emplois créés ? Personne n'en doute, mais dire combien relève de la"futurologie" estime l'ONG Food & Water Watch dans une note datée du mois de mars. L'association souligne que "les projections les plus optimistes réalisées ne prennent pas en compte les conséquences des forages qui provoquent la destruction d'emplois dans le tourisme ou l'agriculture, par exemple".
Et de rappeler que, lors de campagnes industrielles aussi techniques, les groupes pétroliers réservent les "jobs les mieux rémunérés à du personnel qualifié issu d'autres régions et non à des travailleurs locaux". De même, l'ONG insiste sur le fait que les autres emplois créés sont temporaires, douze mois environ, le temps de mettre en état de marche les puits.
Dans une étude publiée en décembre 2011 dans la revue internationale Energy Economics, Jeremy G. Weber, chercheur au Département américain de l'agriculture, présente les résultats de l'enquête empirique qu'il a menée dans trois Etats concernés par l'exploitation du gaz de schiste : le Colorado, le Texas et le Wyoming. Ses travaux - les premiers qui s'appuient sur des expériences réelles - mettent en évidence que cette exploitation a entraîné "des hausses modestes en termes d'emplois, de salaires et de revenus financiers".
Plus précisément, il démontre que chaque million de dollars de gaz produit conduit localement à la création de 2,35 emplois et produit 91'000 dollars (70 450 euros) de revenus salariaux. Des conclusions qui l'incitent à mettre en garde contre tout optimisme démesuré des prévisionnistes.

Naturel, mais non conventionnel

Une fois extraits, rien ou presque ne distingue les gaz naturels non conventionnels du gaz naturel conventionnel. Comme ce dernier, ils sont principalement formés de méthane (CH4), le plus simple et le plus léger des hydrocarbures, avec les mêmes propriétés.
Le terme "non conventionnel" signifie que les méthodes d'extraction utilisées sont différentes - principalement la fracturation hydraulique des roches qui recèlent ces hydrocarbures.
Il existe trois formes de gaz non conventionnel :
Le gaz de schiste (shale gas) est emprisonné dans la roche où il s'est formé, à des profondeurs de l'ordre de 3 000 mètres.
Le gaz de réservoirs compacts (tight gas) s'est formé dans des argiles très profondes et a migré dans des couches géologiques supérieures, plus denses.
Le gaz de charbon est prisonnier des veines du minerai, au sein de poches qui se sont formées dans la veine. C'est le fameux grisou redouté des mineurs. Mais on le trouve plutôt intimement mêlé au charbon.

dimanche 26 février 2012

Interview de Daniele Favari dans le Journal de l'Environnement

Comme seuls les abonnés ont accès à l'article du JDLE, je vous fais suivre ici son contenu, reçu de Danièle Favari. 

Les anti-gaz de schiste ne désarment pas
Le 21 février 2012 par Valéry Laramée de Tannenberg
 
Les écolos attaquent sur le tapis vert.

Malgré la relance récente de l'instruction de 14 permis de recherche de gaz non conventionnels (GNC) dans le bassin parisien, les opposants ne baissent pas les bras.

Et c'est sur le tapis vert juridique qu'ils ont décidés de mener la bataille. Depuis quelques jours, la coordination anti-gaz de schiste collecte des signatures dans l'Europe afin d'engager une initiative citoyenne européenne. Prévue par le traité de Lisbonne, cette initiative permet aux citoyens des 27 d'appeler directement la Commission à soumettre une proposition législative sur des questions présentant un intérêt direct pour les signataires. En l'occurrence, les militants veulent inciter Gunther Oettinger et Connie Hedegaard, commissaires européens à l'environnement et à l'action climatique, à interdire la fracturation hydraulique sur le territoire de l'UE.

Seule contrainte véritable: réunir un million de paraphes, dans au moins 7 pays de l'Union. A l'origine de la collecte, Danièle Favari est optimiste: «Chaque jour, nous recevons 500 à 550 signatures de plus», indique la juriste aveyronnaise.

Autre possibilité, encore à l'étude: soulever l'éventuelle inconstitutionnalité de l'article 2 de la loi du 13 juillet 2011. Ce texte, qui interdit la fracturation hydraulique, prévoit aussi de mettre en place une commission nationale d'orientation (CNO), chargée «d'évaluer les risques environnementaux liés aux techniques de fracturation hydraulique ou aux techniques alternatives». Cette disposition, expliquent certains juristes, peut être considérée comme contraire à l'article 37 de la constitution; lequel stipule que la loi et le règlement peuvent comporter, pour un objet et une durée limitée, des dispositions à caractère expérimental. Or, dans leur précipitation, les parlementaires ont oublié de fixer la durée de vie de ladite CNO, dont la création doit être officialisée prochainement par décret.

Alors, à vos signatures !! merci.

Danièle favari (veille juridique des GDS)



dimanche 12 février 2012

Manifestation d'hier à Saint-Julien en Genevois

Hier par un froid polaire (-10°C avec beaucoup de vent…), près de 2000 personnes ont manifesté contre les gaz de schiste à Saint-Julien à l'appel du Collectif anti-gaz de schiste Haute-Savoie, demandant une audience au sous-préfet.

L'appel a été entendu largement au-delà du département, puisque des Collectifs et citoyens de l'Ain (Pays de Gex, Haut-Bugey) et d'Ardèche étaient présents.

Voici quelques images de la manif:

Ne pourris pas ma planète!

Les élus avaient sorti leur écharpe tricolore…

La manif démarre

Le thermomètre est formel: -10°C! Beaucoup de courageux.





jeudi 9 février 2012

La Haute-Savoie et l'Ain contre le gaz de schiste!

Le Collectif « Non aux gaz de schiste 74 » et 40 associations organisent une journée d'action le 11 Février 2012

9 h 30 • Meeting 
Salle de l'Arande > 24 grand rue (Saint-Julien-en-Genevois)
Petite restauration sur place 

Avec la participation de :
• Jacques Chambon > Collectif 74, hydrologue
• Elisabelle Bourgue > présidente de « No fracking France »
• Anne Mahrer > élue du grand conseil de Genève
• Alain Chabrolle > vice-président de la région Rhône-Alpes à l'Environnement et à la santé
• Jean Louis Chopy > porte parole du collectif ardéchois

13 h 30 • Grande manifestation
Cortège depuis la salle de l'Arande à la sous-préfecture de St-Julien.
Rassemblement devant la sous-préfecture de St-Julien.
Réception d'une délégation du collectif par la sous-préfecture.

Collectif ngds74 - l'Abeille (Les Contamines) - l'Abeille Noire (Viuz en Sallaz) - ADRET (Vallée Verte) - AERE (Reignier) 
- Les Amis de la Nature (Thonon) - Les Amis de la Terre 74 - Les Amis du vieux Brecorens - Apollon (Saint Julien) - Arbu'nature-
Environnement (Arbusigny) - Arenthon environnement - Artisans du monde (Annemasse) - LAC (Chens sur Léman) - Résonanciel 
(Thonon) - Attac74 - Attac Chablais - Attac Genevois - Aviser(Chêne en Semine) - Confédération paysanne 74 - Cellule Verte 74 
- Chloro'fill (Fillinges) - Cyclamen (Albanais) - Environnement Mont-Blanc (Les Houches) - Frapna74 - Fred74 (randonneurs 
équestres) - Frontières chamaniques - Ké Viva Chaumont - La Terre en Héritage - Lac d'Annecy Environnement - Les jardins du 
Banset (Massongy) - Savigny à venir - Pays Rochois au Naturel - Les Pot'irons (Musièges) - SEPNS (Clarafond) - UP Annemasse 
Genevois - UP Chablais - UP La-Roche - UP Vallée Verte - Vivre en Vallée Verte - Vivre à Viry - WECF ( la voix des femmes). 

Plus de renseignements sur : http://accueil.ngds74.info/

Vous pouvez récupérer l'affiche du programme en format PDF à http://dl.dropbox.com/u/10442894/GAZ%20SCHISTE%20A4prog.pdf

N'hésitez pas à faire circuler.

jeudi 2 février 2012


Josh Fox, le réalisateur de Gasland (film sur les méfaits de la fracturation hydraulique), vient d'être arrêté alors qu'il voulait assister à une audition sur les gaz de schiste, comme la loi l'y autorise, autorisation qu'on lui avait pourtant refusée…
Voir cet article du Washington Post

Pétition pour sa libération:
http://action.workingfamiliesparty.org/p/dia/action/public/?action_KEY=5377

Reprise de l’instruction des quatre demandes de permis de recherche d’hydrocarbure en Rhône-Alpes

Cet article est tiré d'un mail que j'ai reçu de Danièle Favari, qui s'occupe de la veille juridique en ce qui concerne les gaz de schiste.
Je le reproduis ici in extenso, à une ou deux virgules ou modifications de mise en page près.

Le gouvernement a demandé la semaine dernière l'accélération de l'instruction des demandes de permis de recherche d'hydrocarbure liquide ou gazeux de Blyes, Gex Sud, Montfalcon et Lyon – Annecy. Quoi qu'en disent les autorités, il s'agit bien là de nouveaux permis de pétrole et gaz non conventionnel qui vont être accordés sur notre territoire.

PLUS DE LA MOITIÉ DE LA RÉGION RHÔNE-ALPES MENACÉE
Les services de l'Etat ont reçu ordre de rouvrir l'instruction des permis qui avait été interrompue par la forte mobilisation citoyenne de l'année dernière. Ils disposent d'un délai d'à peu près un mois pour répondre. Après quoi les permis pourront être signés par le Ministère, que l'avis des services soit favorable ou non.
La délivrance de ces nouveaux permis porterait à 8 le nombre de permis de recherche en Rhône-Alpes avec les permis accordés de Gex, Moussières et Lons le Saulnier et le permis en cours d'instruction de Montélimar Extension.


Les permis qui concernent la région Rhône-Alpes :
- n° 1592 :  LYON ANNECY pour 3800 kms2 (demande du 15.1.2009 par SCHUEPBACH ENERGY), en concurrence avec Blyes
- n° 1612 : BLYES pour 3283 kms2 (demande du 20.4.2010 par REALM), en concurrence avec Lyon-Annecy et Gex Sud
- n° 1613 : GEX SUD pour 1 991 kms2 (demande du 21.4.2010 par EGDON, EAGLE NAUTICAL), en concurrence avec Lyon-Annecy
- n° 1646 : MONTFALCON pour 5 792 kms3 (demande du 3.11.2010 par BNK France) en concurrence avec Montelimar et Valence
Tous ces permis représentent donc un périmètre de 14866 km2, soit plus de la moitié de la région Rhône-Alpes!

GISEMENTS CONVENTIONNELS… POUR COMMENCER
La loi du 13 juillet 2011 interdit la fracturation hydraulique et le gouvernement nous assure que ces nouveaux permis sont des gisements conventionnels.
Bien que ces demandes de permis ne mentionnent pas explicitement le caractère non conventionnel des hydrocarbures recherchés, la faible porosité des sols et l'échec des précédentes recherches en matière de gisement classique ne laissent aucun doute sur celui-ci. Les compagnies pétrolières ne cachent plus leur projet d'utiliser, au moment voulu, la fracturation hydraulique dans le cadre de «recherches scientifique», comme prévu par cette même loi. Ces compagnies seront d'ailleurs largement représentées dans la commission technique chargée d'encadrer et contrôler ces recherches.

LES COLLECTIFS RHÔNE ALPES EN APPELLENT AUX ÉLUS
Dans une démarche commune à l'ensemble des départements de la région, les collectifs en appellent aux élus pour que soient préservés nos milieux et nos ressources en eau. Ils leur demandent de contacter les administrations en charge de ces dossiers afin de mettre un terme à l'opacité qui les entoure.


RASSEMBLEMENT LE 11 FEVIRER 2012 À SAINT JULIEN EN GENEVOIS EN HAUTE SAVOIE
Le Collectif Haute Savoie Non au gaz de schiste organise un rassemblement à Saint Julien en Genevois, pour exiger :
  • l'abrogation de tous les permis accordés en France.
  • l'interdiction définitive de l'exploration et l'exploitation de tous les hydrocarbures de roche mère.
  • la refonte du Code minier
  • l'abandon des programmes de recherche et d'exploitation des énergies fossiles en faveur de la recherche et du développement des énergies renouvelables.
  • l'organisation d'un débat public et participatif sur l'avenir énergétique de la France.
Ils appellent les citoyens, tous les partis ainsi que tous les candidats aux élections législatives à venir manifester leur opposition à ces projets.


RESEAU RHONALPIN DES COLLECTIFS OPPOSES À L'EXPLOITATION DES GAZ ET HUILES DE SCHISTE:
LES COLLECTIFS RHONALPINS OPPOSES À L'EXPLOITATION DES GAZ ET HUILE DE SCHISTE
Les "Stop aux gaz et huile de schiste" se composent essentiellement des nombreux collectifs citoyens locaux qui se sont organisés pour lutter contre cette menace, mais aussi d'associations, d'organisations syndicales, de collectivités locales et d'organisations politiques.
Créés à partir de janvier 2011, ils veulent affirmer leur refus de l'exploration et de l'exploitation des gaz et huile de schiste, qu'elles soient expérimentales ou industrielles. Ils dénoncent :

  •  Les conséquences environnementales désastreuses (pollution des réserves d'eau potable, du
  • sol et des sous-sols) et la destruction des paysages
  •  Les ravages socio-économiques (agriculture, tourisme,...),
  •  Les atteintes irréversibles à la santé (produits mutagènes, reprotoxiques ou cancérigènes).
  •  L'aberration énergétique et la fuite en avant que ce choix représente à l'heure de la lutte
Les gaz et huile de Schiste: ni ici ni ailleurs, ni aujourd'hui ni demain !

Voir aussi:

mercredi 7 décembre 2011

Gaz de schiste, problème mondial

Si l'europe est réticente quant à l'exploitation des gaz de schiste, elle ne fera pas la fine bouche lorsqu'il s'agira d'en importer d'ailleurs: l'Algérie est sur le point d'ouvrir les bras aux exploitants qui se frottent les mains de ne pas avoir contre eux d'opinion publique audible…

Encore une preuve que profit et démocratie ne font pas bon ménage!

Lire ici l'article de Maghreb émergent pour plus d'informations.